C'est quoi un café mortel ?

Un Café quoi ? Mortel ? C’est une blague ? Pas vraiment, c’est plutôt un rendez-vous informel pour échanger sur la mort et le deuil. C’est un instant de partage pour s’exprimer librement et être écouté sans aucun jugement, ni commentaire. Je vous explique son histoire et comment ça marche.


L’origine du Café mortel


Parler de la mort dans un bar, voici l’idée toute simple lancée par le sociologue suisse Bernard Crettaz en 2004. Dans ces « Cafés mortels », il souhaite ainsi « libérer de façon spontanée et sauvage une parole sur la mort, tout en la dédramatisant par le boire et le manger d’un bistrot ». Pendant plus de 10 ans, il en a animé dans son pays d’origine mais également à travers l’Europe et l’outre-atlantique. Dans ces Cafés mortels, il n’y a pas de posture professionnelle mais simplement le questionnement d’êtres humains face à la mort, pas de théorie non plus mais plutôt des expériences et pas de thérapie, mais un partage. Depuis deux ans, Sarah Dumont, la fondatrice du site Happy End a lancé le concept à Paris et elle cartonne. « Il y a toujours de plus en plus de monde » et depuis le premier confinement, elle les propose en mode virtuel.

Comment ça se passe ? 
 
Bien installé dans votre siège, un verre ou une tasse à la main, on se présente ou pas. L’animateur ouvre la discussion en parlant d’un sujet d’actualité en lien avec la mort et les langues se délient naturellement. Chacun vient vider son sac, partager son expérience belle ou parfois traumatisante, exprimer un sentiment, une angoisse … Le Café mortel est là pour libérer la parole. La mort reste un sujet tabou malgré l’actualité, alors comme pour tous les tabous, la meilleure façon de l’éradiquer, c’est d’en parler. La mort fait partie de la vie, c’est la seule chose dont nous sommes sures à la naissance, un excellent article traite de ce sujet si vous souhaitez aller plus loin : https://theconversation.com/accepter-la-mort-une-sagesse-a-concilier-avec-les-devoirs-de-la-vie-en-societe-150687
Grâce aux Cafés mortels, la mort sort non seulement du silence, mais également du champ médico-socio-thérapeutique dans lequel il serait vain de vouloir la circonscrire. Porteurs d’une voix citoyenne, les Cafés mortels rapatrient la mort au cœur de la cité et célèbrent dans un esprit libertaire un nouvel art de vivre qui rassemble joyeusement, et dans leur contradiction invraisemblable, la vie et la mort. 
Qui témoigne au Café mortel ?
 
Vous, moi, lui, lors des différents Cafés mortels auxquels j’ai assisté, j’ai écouté des histoires extraordinaires. Une maman a perdu son enfant de 5 ans et elle raconte comment avec son époux, ils ont souhaité célébrer la vie de ce petit être parti trop tôt, ils ont réalisé une belle cérémonie ou l’enfance était présente et ils ont eux-mêmes confectionné le cercueil de leur petit ange. Lors du confinement, les cimetières étaient fermés au public et certaines personnes ont mal vécu d’être séparées de leur proche défunt. Ce fut également mon cas. Un homme répondait à une interrogation sur le choix d’un lieu de recueillement ou bien une dispersion des cendres, 30 ans après, il expliquait qu’il avait le regret que son papa ait été dispersé sur un lopin de terre, aujourd’hui, il ressent le besoin de mettre une plaque, pour rendre hommage à son père et pour que l’on sache qu’il est ici.
Vous aussi, si vous souhaitez partager une expérience, un ressenti n’hésitez pas, parlez de la mort ne veut pas dire qu’elle va vous saisir !